Tant qu’à peu poster, autant faire du faux putaclic non? Si vous suivez un peu l’actu tamédiatique/ringieresque (le grand groupe de presse de Suisse), vous savez que cet homme, c’est Christian Lüscher, conseil national PLR (droite, Genève) dont les propos dans un groupe WhatsApp ont été révélé par le Blick. La suite est connue, mais mérite d’être narrée.
Je reviens déjà sur les éléments essentiels: personne ne conteste que ces propos ont été tenus, et la défense autour de leur tenue relève dès le début la farce. Outre la minoration du problème des surnoms (le mien c’est « le vieillard » ce qui est effectivement d’une violence incroyable quand on sait qu’il y a « Pinochet » « Gros-de-Vaud » (haha lol mdr la grossophobie) et « Brutus »), la défense du plus problématique de tous, qui est clairement raciste, relève du pur foutage de gueule. Fatih Derder, ex-conseiller national, est affublé du surnom « le bougne » abréviation de « bougnoule »! La défense de ce surnom par Christian Lüscher c’est du lourd: « Vous aurez compris que cela vient de ‘bougnoule’, rétorque l’homme de loi. Cela ne colle toutefois pas du tout aux origines de Fathi Derder, qui est Haut-Valaisan et Perse. C’est un surnom affectueux, qui remonte à il y a plus de dix ans. Tout le monde l’appelait comme ça, y compris les Suisses allemands! » Nous sommes donc rassuré de savoir que si le surnom se trompe volontairement d’origine, qu’il se veut affectueux et qu’il est employé par tout le monde, ce n’est pas problématique. Inattaquable, c’est sûr.
Heureusement, ce quasi martyr de la liberté d’expression peut compter sur l’appui de ses amis du parti. À commencer par le vice-président Philippe Nantermod qui le défend avec aisance. Ce sont des propos privés, tenus entre amis, nous ne sommes pas employés par le parti donc ce genre de groupe ne pose pas problème et enfin: la révélation des propos, voilà le scandale!
Une défense aussitôt adoptée et développée par Nicolas Capt, avocat genevois spécialisé dans les questions en lien avec les nouvelles technologies, potentiellement par le Matin, qui nous gratifie d’un des articles les moins clairs que j’ai lu depuis longtemps et par le président du parti suisse, Thierry Burkhard, qui veut que la « taupe » soit lourdement punie!
C’est bien joué, car le débat non seulement s’oriente sur la question de l’éthique journalistique et surtout, reste ainsi cantonné aux médias du groupe Ringier, connu pour ne pas cracher sur ce qui est décrié comme étant du journalisme de caniveau/de fouilles-merdes. En effet, en dehors d’une question lors d’un entretien sur SRF (radio germanophone), de l’entretien avec maître Capt dans la Tribune de Genève/24 heures, c’est silence dans les rangs médiatiques. Il est vrai que l’homme ne se gêne pas pour porter plainte et qu’il n’est pas simple de mettre sur le grill un homme politique qui n’est pas accusé d’une infraction pénale.
Une façon de ne pas trop en faire et de se taire qui me fait sourire jaune, quand je pense que le dernier scandale comparable, avec divulgation de propos dits privés d’une personne influente au niveau national, avait été relayé par toute la presse. C’était il y a 6 ans, quand l’alors chef de l’armée, André Blattmann, avait tenu des propos pour le moins salés devant un parterre d’officiers. Propos enregistrés, transmis à un groupe critique de l’armée, puis diffusés dans la presse. Le chef de l’armée avait du s’excuser pour s’en être pris violemment à un journaliste et le département compétent s’était distancié des propos de manière claire.
La justice militaire, qui est à la justice ce que la musique militaire est à la musique, avait décidé de poursuivre… « la taupe »! La réunion, convoquée par le chef de l’armée et rassemblant 150 personnes, avait été jugée comme étant d’ordre privé. Heureusement, après une condamnation en première instance, l’officier qui avait enregistré les propos avait été acquitté. Un recours est éventuellement pendant, mais la presse ne s’en est pas faite l’écho.
En tous les cas, l’image du déjà très arrogant Christian Lüscher n’en sort pas grandie. Tant lui que son collègue Philippe Nantermod, semblent avoir oublié, en tenant par écrit des propos aussi atroces et en les défendant, un des adages de leur métier d’avocat « se méfier de la partie adverse c’est la règle; se méfier du client, c’est la prudence; se méfier de soi, c’est la sagesse! »
Soyez rassurés, chers hommes, il en faut bien plus pour qu’un des nôtres se fasse mettre la pression et démissionne. Il vous suffit de dire qu’en tant que personne publique, vos propos privés n’ont pas de conséquences, et que si vos propos privés sont aussi publics, c’est de l’humour et de l’affection et que si on vous dit que cela pue quand même, vous pouvez toujours utiliser les hashtags magiques #onpeutplusriendire #dictature #gauchisme et laisser faire. De toute façon, la majorité des électrices et électeurs votera pour vous malgré les scandales, voire grâce à eux! Et oui, ne sont-ils pas le signe de la jalousie face à votre talent et de votre endurance à toute épreuve?